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Dans "OSS 117, Rio ne répond plus", il est toujours le pire espion du monde. Dans la vie, il est tout simplement... charmant.
Est-ce que vous avez pris un risque en tournant une suite à "OSS 117 : Le Caire, nid d'espions" ?
Non, parce que je savais que Michel Hazanavicius allait éviter tous les écueils. Après le succès du premier opus, on s'est demandé sur quoi on allait partir. Un autre détournement du genre ou un second OSS ? On a décidé que ce serait un autre OSS parce que le personnage est fait pour accomplir d'autres missions. Mais il fallait, en modifiant l'époque, tuer le premier film pour en faire un différent. Celui-ci se déroule en 1967, alors il est constamment en déclage. Qunand il dit une connerie, les gens lui répondent, ça change tout.
Celui-ci est plus drôle, plus politiquement incorrect. A quoi attribuez-vous cela ?
Le film est plus visuel, plus rapide. On est allés beaucoup plus loin dans l'humour limite. Les blagues antisémites, par exemple, il faut y aller tout droit, s'il y a la moindre complaisance, c'est fichu. OSS 117 représente une certaine France. A travers lui, on dénonce les lieux communs sur les juifs, les femmes, qu'on se coltine dcepuis longtemps. Si on veut dénoncer le racisme, il faut monter un vrai raciste. Le pire n'étant pas celui qui est haineux, mais celui ne se rend compte de rien. Grâce au sens de la mise en scène de Michel, les spectateurs se sentent autorisés à rire de ce genre de choses.
Qu'est-ce qui a demandé le plus de travail : la séquence de danse ou le combat de catch ?
J'étais dans mon élément avec la scène de danse. Il suffit que je trouve une musique qui swingue et mon corps répond. Ce n'est pas une chorégraphie, c'est plus une humeur cool. En revanche, il y a eu des répétitions de catch, ça oui. Il y avait deux cascadeurs qui prenaient les coups, mais mes mouvements nécessitaient beaucoup de précision, sinon je pouvais me faire très mal. Il faut y aller vite, bien et avec exactitude. J'ai bien fait de m'entraîner pendant six mois.
Qu'avez-vous découvert pendant le tournage à Rio ?
Un bien-être absolu. On se sent rapidement à l'aide dans cette ville. Il ne faut pas tenter Copacabana à 3 heures du matin, c'est sûr. C'est dangereux mais, le samedi soir, tout le monde se lâche, les gens dansent dans les rues, on se croirait dans une pub. C'est une vraie religion, la fête, là-bas.
Après le Brésil, vous êtes allé en Argentine, pour tourner "Lucky Luke" de James Huth...
C'était une expérience incroyable. Incarner Lucky Luke, un rêve d'enfant...
Vous enchaînez les tournages, comment parvenez-vous à maintenir une vie de famille ?
C'est une famille recomposée, je ne suis pas tout seul. C'est surtout une question d'organisation. La chance qu'on a, en tant que comédien, c'est qu'on peut se donner à fond dans son travail pendant six mois, puis consacrer le reste du temps à sa famille. Mes enfants viennent de plus en plus souvent sur mes tournages. Ils sont en âge de comprendre que papa ne fait pas que s'amuser et que c'est un métier d'être acteur.
Quel genre de père êtes-vous ?
Un père comme le mien. Je pense qu'on devient le père qu'on a eu. Je leur transmets les mêmes valeurs, fondées sur l'honnêteté, le courage, le sens de l'entreprise. J'essaie de motiver mes troupes en éveillant leur curiosité, en les poussant à chercher leur bonheur, leur passion. J'aime les emmener dans les musées. au Jardin des Plantes... Je ne suis pas un père copain, je suis un père à l'écoute.
Vous avez accompagné Alexandra Lamy à la Berlinale où était présenté "Ricky", le film de François Ozon...
C'était logique que je sois là. On s'aime, on s'épaule, on s'épate. J'étais fier. On est un couple avant tout, il n'y a pas que ce métier qui nous fait vibrer. On a une vie privée qui ne tourne pas autour du cinéma. C'était marrant d'être à Berlin, de nous habiller chic et de prétendre qu'on était des stars, mais la plupart du temps, nous sommes juste un couple comme les autres.
Etre reconnu et avoir du succès avant Alexandra n'a jamais affecté vos relations ?
C'est virtuel, le succès. On ne se dit pas qu'il y en a un qui a réussi et l'autre pas, on ne fonctionne pas comme ça. Je sais que certains couples de comédiens le vivent ainsi, c'est leur choix, mais ce n'est pas le nôtre. Entre nous, il y a de l'amour, de l'admiration et du respect, quoi qu'il advienne.
Vous allez tourner "Un balcon sur la mer" de Nicole Garcia...
Oui, j'ai hâte de tourner avec Nicole. Ce sera une enquête amoureuse, je sens que je vais apprendre d'autres choses, que je vais faire du chemin comme comédien, parce qu'elle est vraiment dans l'humain. Je l'aime beaucoup. On s'était rencontrés à l'époque de Selon Charlie, ça ne s'était pas fait, elle m'avait : "On se retrouvera, j'aimerais bien travailler avec vous." Je suis très content qu'elle revienne vers moi. Elle est pointue, elle capte des choses de vous, elle vous regarde et je sais qu'elle ne s'arrête pas sur une idée ou sur une intention, elle peut suivre votre humeur. Je sens que le plateau sera vivant. On va se surprendre.
Propos recuillis par Sandra Benedetti.
Fémina N°691 du mercredi 25 mars 2009
