Jean et Alex sont au golf.
Alex : Bon dis-moi Loulou, comment on joue à ce jeu là ?
Jean : Ok. Alors c’est pax compliqué, hein, même toi tu peux y arriver. Ok, ça c’est une… balle, d’accord ? Tu prends ta balle et tu l’as met sur ton ty. Et tu vises le trou qui est là-bas.
Alex : Où ça ?
Jean : Là-bas. De l’autre côté de la rivière, tu vois ?
Alex : Attends. Toi, tu vois un trou là-bas de l’autre côté de la rivière ? T’as de bons yeux toi.
Jean : Mais non, y a pas de trou. Je vois pas le trou, je vois le drapeau qui symbolise le trou. Le drapeau est dans le trou, voilà. Tout simplement.
Alex : Hein ?
Jean : Bon vas-y, tape la balle.
Alex : Je dois mettre la balle là, dans le trou là-bas.
Jean : Oui. C’est un peu le but du jeu.
Alex : Okay. Bon Jean, franchement. Ne me fait pas croire que tu me quittes 50 fois, tout l’été, toute la journée, pour mettre une petite balle dans un petit trou là-bas. Où alors, notre couple va très mal.
Jean : Attends, je suis désolé. Notre couple va très mal parce que j’aime le golf. Je viens ici, effectivement, et j’aime moi, communier avec la nature.
Alex : Communier avec la nature ?
Jean : Oui, communier avec la nature. Exactement.
Alex : Oui c’est ça. Jean, franchement. Je ne ferais pas de scandale. Okay ? Je ne dirais rien. Avoue ! Ta une maîtresse ? C’est pas possible. Tu peux pas venir jouer au golf quand même…
Jean : Non, je n’ai pas de maîtresse. J’aime venir ici tout les étés. C’est vrai, j’aime ça. Dis-lui toi. Demande-lui, vas-y.
Alex : Pourquoi tu joues à ce jeu stupide ?
Jean : Mais parce que j’aime ça. Ca me détend, ça me repose, ça me calme. Alors tu peux jouer maintenant, s’il te plait ?
Inconnu : Calme-toi, champion. Calme-toi.
Jean : T’a raison JP, c’est du golf.
Alex : Ma balle là, dans le trou là-bas.
Jean : Dans le drapeau.
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Alex est dans la voiturette et boit. Une fille passe pendant que Jean range les clubs de golf.
Inconnue : Bonjour, Jean.
Jean : Salut.
Alex : Qui c’est ça ?
Jean : Je sais pas.
Alex : T’as couché avec ?
Jean : Mais non, Alex enfin.
Alex : Attends, tu lui dis bonjour et tu sais pas qui c’est ?
Jean : Ici Alex, tout le monde se dit bonjour. C’est pas pour ça qu’on se connaît.
Inconnue n°2 : Hé salut, Jean. On se retrouve au bar ?
Jean : Je sais pas.
Alex : T’as rendez-vous avec elle ?
Jean : Mais non attends. C’est des allumeuses ces gonzesses là, elle joue là sans arrêt.
Alex : Ah ouais elles jouent ?
Jean : Oui, elles jouent. Oui.
Alex : Attends. Moi aussi, je vais jouer. Regarde ! Bonjour.
Inconnu : Sacré Jean ! Toujours en bonne compagnie.
Alex : Il joue là ?
Jean : Oui, il joue.
Alex : C’est quoi ça, Loulou ?
Jean : Il joue.
Jean démarre la voiturette.
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Alex essaie de taper dans la balle pendant que Jean et JP la regarde.
Alex : Et ben voilà. Là, ça pas marché.
Jean : Non et non. Ca n’a pas marché. Pourquoi ? Pourquoi Alexandra ? Parce que tu as encore levé les yeux. Et pourquoi tu as levé les yeux ? Parce que tu es mauvaise. C’est ça, le problème. Je t’ai dit 15 000 fois de laisser les jambes écartées et regarder ta balle.
Alex : Mais c’est ce que je fais là, Loulou.
Jean : Non, c’est pas ce que tu fais. C’est pas ce que tu fais.
JP : Jean ! J’ai un bon truc, si tu veux.
Jean : Attends. S’il te plait, JP. Tu me laisses, je m’en occupe. Okay ? Attends. Tu me regardes.
Alex : Oui.
Jean : Tu me regardes. Les épaules droites. Les poignets bien droits. Tu ne casses pas trop les genoux non plus. Et surtout, tu penses à ton transfert de poids. Okay ?
Alex : Ouais, c’est ce que je fais, Loulou.
Jean : Non. Tu ne penses pas à ton transfert de poids. C’est ça qui est important.
JP : Jean ?
Jean : Qu’est-ce qu’il y a ?
JP : Si tu t’acharnes trop, ta copine voudra jamais plus revenir au golf.
Jean : T’as tout compris. Ok, on y retourne. Alors, ce que tu fais. Tu laisses ta balle en plein…
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Jean regarde Alex qui se positionne pour taper la balle.
Alex : Je relève la tête. Les genoux pliés.
Jean : Alex…
Alex : S’il te plait, tais-toi. Je suis capable de le faire toute seule, s’il te plait.
Jean : D’accord.
Alex : Fatiguant lui.
Jean : C’est juste pour te dire…
Alex : Non. Attends, tais-toi s’il te plait. Je peux le faire. Juste un petit peu de concentration. Aller, vas-y ma belle ! Là, tu vas swinguer.
Jean : Oh, la vache !
Alex : Oui, bien joué ! Yes !
Jean : Bravo là ! Très, très chouette, Chouchou.
Alex : T’as vu, Loulou ?
Jean : Vachement bien ! C’est impressionnant. Je suis fier de toi, vraiment.
Alex : Moi aussi, je suis très fière de moi.
Jean : Ah oui. Très, très bien. Très bien. Je peux faire une petite critique, seulement ?
Alex : Oui.
Jean : C’est un point super. C’est magnifique ce que t’as fait là, vraiment. Seulement, c’est par là qu’il fallait la frapper. Mais c’est génial.
Alex : Oh non, minou. C’est pas vrai. Tu te moques de moi là, Loulou.
Jean : Oh, c’est un jeu.
Alex : Bah oui, bah oui, c’est un jeu.
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Jean est à quelques centimètres du trou. Alex se met juste entre la balle et le trou ce qui gène Jean.
Jean : Mais pousse-toi, Alex !
Alex : Quoi ?
Jean : Tu marches sur ma ligne là.
Alex : Quelle ligne ?
Jean : La ligne imaginaire. Si tu marches sur le gazon entre la balle et le trou, ça fait modifier la trajectoire. Et c’est pas bon.
Alex : C’est stupide ça.
Jean : Qu’est-ce que t’as dit ? Stupide ? Non, c’est pas stupide. Je m’excuse. Au golf y a des règles. Et on ne parle pas quand quelqu’un tape une balle.
Alex : Attends, je le sais ça.
Jean : Non, tu sais pas. Tu sais rien toi. Toi, tu crois qu’on peut se promener en karting sur le green, comme ça là. Où alors, passer sur la ligne imaginaire d’un mec en train de putter. Ca se fait pas. Y a des respects dans le golf. Et le respect, ça s’appelle « l’étiquette ».
Alex : L’étiquette ?
Jean : Oui, l’étiquette.
Alex : L’étiquette ?
Jean : Oui.
Alex : Franchement, Jean.
Jean : Quoi ?
Alex : T’es pas gêné.
Jean : Qu’est-ce qu’il y a ?
Alex : Non mais, pour qui tu te prends ? Tu rotes à table, tu pètes au lit. T’envois balader ma mère à tour de bras là. Mais Monsieur sur le terrain de golf, Monsieur le Marquis, il marche sur la petite pointe des pieds, comme ça. Il met les petits gants, il tape la petite balle dans le petit trou. Bah tu sais quoi ?
Jean : Quoi ?
Alex : Tu marches sur ta ligne. Pauvre mec !
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Alex est aussi à quelques mètres du trou.
Jean : Bon aller, la partie est terminée là. C’est bon.
Alex : Attends. Je finis le dernier trou, s’il te plait.
Jean : Bon, vas-y.
Alex : Tiens, enlève-moi le drapeau.
Jean : Non. Je le laisse, ça va te guider. C’est bon. Aller. Alex, magne. Ca fait 12 heures qu’on joue, j’ai faim.
Alex : Attends, 2 secondes.
Jean : Mets-la.
Alex : Oui, attends. Tu permets.
Jean : Y a des gens qu’attendent.
Alex : Oui ben écoute, je l’en fiche.
Jean : Aller !
Alex : Arrête de parler, tu me déconcentres.
Jean : Mets-la, je t’en supplie, mets-la.
Alex : Oui.
Jean : Voilà.
Alex : Ouais, j’ai gagné.
Jean : Aller hop. On remballe.
Alex : Je veux voir les scores. Alors… Jean, tu as… oh dis dont 94. C’est pas terrible.
234, j’ai gagné. J’ai gagné. J’ai gagné.
Jean : Alex ? On est au golf.
Alex : Et alors ?
Jean : C’est le petit pointage qui gagne.
Alex : Ouais, c’est ça.
Jean : On est au golf.
Alex : T’es de mauvaise foi. T’as perdu. T’es de mauvaise foi. C’est sympa. Hé, Loulou ? On revient demain ? Qu’est-ce qu’il y a ?
The end